L'information émane de sources judiciaire et militaire : on a retrouvé la boîte noire de l'avion de chasse qui s'est écrasé mercredi en Haute-Saöne. "La boîte noire de l'appareil a été retrouvée sur les lieux (de l'accident) et elle est en cours d'exploitation", a déclaré le procureur à Vesoul. Selon un porte-parole de l'armée de l'air, "l'enquête devrait pouvoir avancer" grâce à cette découverte, "pour autant que cette boîte noire soit en bon état, ce que nous ne savons pas à l'heure actuelle".
Pour l'heure, l'enquête n'en est qu'au début : "Toutes les pistes classiques sont suivies, comme celles des facteur mécanique et humain. Toute collision avec un élément extérieur est d'ores et déjà exclue, les enquêteurs n'ont pas retrouvé d'éléments étrangers" à celui du Mirage 2000-5, a-t-il ajouté. L'avion de chasse s'est écrasé dans une zone boisée sur la commune de Froideconche peu après son décollage de la BA-116 de Luxeuil pour une mission d'entraînement à quatre avions. Son pilote, âgé de 37 ans et de nationalité taïwanaise, est mort dans l'accident.
Flotte de Mirage clouée au sol
L'audition des témoins civils et militaires était en cours jeudi et une autopsie a été ordonnée, ainsi que les analyses toxicologiques d'usage, a précisé le parquet. "Pour l'instant, il n'y a pas d'éléments qui corroborent" les affirmations de témoins selon qui le pilote aurait tout fait pour éviter les habitations, a estimé le procureur. "Ce serait prématuré de dire s'il a essayé d'éviter des habitations, néanmoins c'est un réflexe que le pilote peut avoir", a précisé le colonel Breton. La section de recherche de la gendarmerie aérienne de l'air de Villacoublay et le bureau enquêtes accidents défense ont été saisis de l'enquête ouverte pour "recherche des causes de la mort".
L'armée de l'air taïwanaise a décidé d'immobiliser au sol toute sa flotte de Mirage jusqu'à ce que les autorités françaises aient éclairci la cause de cet accident. Taïwan a acheté en 1992 à Dassault 60 Mirage 2000-5, dont le dernier a été livré en 2001.
En mars 2011
L'épave a été localisée vers 08H00 à "Saint-Oradoux-près-Crocq, au lieu-dit Le Mouneix", à l'est de la Creuse, a précisé dans un communiqué la préfecture de la Creuse, indiquant avoir "déclenché le plan Sater (ndlr: Sauvetage aéro-terrestre) et coordonné les opérations de recherches", suspendues une heure et demie en fin de nuit en raison de mauvaises conditions climatiques.L'appareil est tombé en pleine nuit près d'un étang et, "en heurtant le sol, a fait un énorme cratère qui s'est rempli d'eau", a précisé à l'AFP le préfet de la Creuse, Claude Serra."Les pilotes n'ont pas donné signe de vie depuis hier soir" et "aucun écho de balise" n'a été capté "pour l'instant", a ajouté le préfet. "En cas d'éjection, un signal de détresse se déclenche automatiquement. Or, là, nous n'avons reçu aucun signal", a précisé à un correspondant de l'AFP le colonel William Kurtz, du Sirpa (service d'informations et de relations publiques des armées) Air.
Le commandant Eric Trihoreau, chef du département médias du Sirpa Air, a évoqué de son côté des recherches ralenties par des conditions météorologiques "très défavorables" et un "très fort brouillard".
Mercredi matin, les secours s'efforçaient de vider l'eau du cratère afin de voir si les corps des deux pilotes se trouvaient à l'intérieur des débris de l'appareil.
Selon le Sirpa Air, l'avion, un Mirage 2000 N de l'escadron de chasse 2/4 Lafayette de la base aérienne de Luxeuil-les-Bains, avait décollé à 20H20 pour une mission d'entraînement au vol de nuit en très basse altitude. A son bord deux pilotes très expérimentés et pour "une mission traditionnelle" qui "ne présentait rien d'inhabituel", selon la BA 116 de Luxeuil.
A 21H20, pour une raison encore inconnue, l'appareil a disparu des écrans radars au niveau d'Aubusson, selon le Sirpa Air.
"L'alerte donnée, des recherches ont immédiatement été lancées par l'armée de l'air (hélicoptères Puma de la base aérienne de Cazaux et Fennec de la base de Villacoublay), la gendarmerie et pompiers de la Creuse, renforcés par des éléments de l'armée de terre", selon la même source.
"On regardait la télévision quand on a senti un énorme souffle puis une déflagration. On a cru qu'un bâtiment s'était écroulé", a témoigné auprès d'un correspondant de l'AFP Yvette Bellet, dont le logement se situe à quelques centaines de mètres du crash.
Maire de La Villetelle, commune limitrophe de Saint-Oradoux, Jacques Boeuf a affirmé de son côté avoir découvert l'avion mercredi à 08H00, après l'avoir entendu passer la veille.
"On m'a prévenu tôt qu'il y avait des traces sur la route de Crocq (...). J'ai découvert des morceaux de parachute dans les arbres. L'avion (...) s'est enfoncé profondément dans la boue sur plusieurs centaines de mètres d'une zone marécageuse", rapporte-t-il, indiquant avoir immédiatement donné l'alerte.
Le 11 mai 2010, un Mirage 2000 de la BA 118 de Mont-de-Marsan s'était écrasé dans les Landes. Le pilote, qui avait pu s'éjecter, a été sain et sauf.
En février 2008 et Juin 2008
Autre crash en février
"Ce Mirage de la base aérienne 116 de Luxeuil, en Haute-Saône, de l'escadron Lafayette, effectuait une mission d'entraînement lorsqu'il s'est écrasé sur la commune de Laurenan", a précisé l'officier. Le bureau enquêtes accidents défense va ouvrir une enquête pour tenter de savoir ce qui a pu provoquer l'accident. Pour le commandant Solano, "il y a peu de chances que l'équipage soit mis en cause". Selon lui, l'accident pourrait être dû à une cause technique.
Déjà, en février dernier, un Mirage 2000-N de la même base de Luxeuil et faisant partie de l'escadron Lafayette s'était écrasé en mer alors qu'il effectuait un vol d'entraînement de routine. "N'y voyez aucunement une loi des séries, puisque deux tiers des Mirage 2000-N, soit 30 avions, sont basés à Luxeuil. Les 20 autres avions de ce type sont sur la base d'Istres (Bouches-du-Rhône)", déclare le commandant Solano.
Source: LePoint.fr
En vingt-cinq ans de service dans l'armée de l'air, trente-huit Mirage 2000 ont ainsi été perdus dans des accidents, soit en moyenne un tous les huit mois.
Sachant que 315 Mirage 2000 ont été livrés, le taux d'attrition est de 12% sur un quart de siècle.
Les spécialistes s'accordent à reconnaitre que l'on est à un minimum historique. Dans toutes les forces aériennes comparables, les pertes d'avion sont aujourd'hui de l'ordre de 1,5 pour 100.000 heures de vol. Tous ces accidents ne se soldent heureusement pas par des pertes en vie humaines, la plupart des équipages parvenant à s'éjecter.
Des chiffres sans comparaison avec ceux des années 60 ou 70 : il suffit de se rendre dans le hall d'accueil de l'Ecole de l'air de Salon-de-Provence (13) et de lire sur les murs la liste des morts en service aérien est impressionnante : plus d'un par mois certaine année. Le Mirage III a fait de nombreuses veuves et orphelins